“Un instant. Une action. Et après…”
Faire. C’est dans le faire qu’il se produit quelque chose. C’est du moins sur ce postulat qu’Ayrtons (1997-1999) a fonctionné. Ce qu’OutCast a gardé. Cette notion regroupe 3 strates : Il y a le projet. Ce qui a été pensé, prévu. Ensuite il y a la production. Le faire. Ce sont des gestes qui se détachent d’une pratique. Ballons, star, re-saler la mer,en sont des exemples. Et enfin il y a le produit en lui-même. Ce qui est. La chose. Le matériel. L’ensemble des travaux présents, là, maintenant, un peu différent quelquefois que prévu (que l’idée du départ), des photographies, des canevas, des images…
Arrêtons nous sur le faire. Un verbe. Le verbe est confortable, il est prescrition, il n’est pas un simple vocable, il n’est pas juste un mot, il y a déjà de l’action dans un verbe. Il exprime un état, un devenir, une tentative. Il y a du mouvement, déjà presque une promesse d’intervention. Il va se passer quelque chose. Il suffit d’attendre. Instantané est une collection de ces gestes en référence aux photographies qui derminent des petits moments saisits sur le vif, par hasard, comme ça. A chaque fois, il y a la notion que nous ne sommes que co-réalisateur de ces actions. La maitrise totale d’une idée, d’un travail ou d’un projet est illusoire, le temps, le monde, la météo, les circonstances… jouent un rôle dans ces instantanés. Il suffit de faire et voir ce qu’il se passe, ce qu’il arrive.
Quelques verbes dans l’ordre alphabétique :
Collectionner. C’est garder. Mettre bien en place une série d’éléments reliés entre eux par une idée, un thème précis. On ne collectionne pas tout. Pas n’importe quoi. Pas n’importe comment. Il y a le tout venant et les pièces uniques, rares, exceptionnelles. Collectionner c’est toujours être en alerte au cas où un élément pourrait venir enrichir la collection. Mettre sur l’étagère de K, poser les choses, revivre à chaque fois le moment d’obtention, posséder ce moment. Collectionner c’est se rassurer. Se focaliser. Ce concentrer sur le prochain objet qui viendra, sur la prochaine prise avant la suivante, croire un instant, en cet instant arrêter le monde, ne serait ce qu’une seconde, celle de la (sa) rencontre, celle de l’avidité, de la conquête de l’objet, celui qu’il nous faut, coute que coute. Arreter la mort. Il y a une part de morbide à la collection. C’est mettre à coté, hors de la vie les choses, et avant que la mort ne vienne. Et pourtant on se sépare de sa collection comme la fin d’un amour, tout est dilapidé, dispersé et là on peut recommencer une nouvelle vie, sans elle.
Disseminer.Ce n’est pas une diffusion de plus. Donner à manger. Offrir un collier. Non. Il ne s’agit pas d’un travail autour de l’émission d’un objet qui serait récupéré (ou pas). C’est une dispersion. (En avril) Quand les cerisiers sont en fleurs. Il neige. Il pleut. Il tombe des pétales. Au grès des rafales la ville se retouve décorée en rose et blanc. Pourquoi laisser aux vents seul le choix de agrémenter ça et là, (là plutôt qu’a un autre endroit) les sols ? blossom est une propagation par nos soins de ses pétales. C’est une contamination qui part d’un support et qui passe de personne en personne. On l’emporte, on le transmet sans même sans apercevoir. On n’y échappe pas. L’idée est de saupoudrer de paillettes les mains courantes d’un quartier . Ce n’est presque pas visible. C’est furtivement réel dans la transmission de l’agent contaminant et dans son développement d’individus en individus. C’est joli. Ça brille. Ça colle. C’est implacable. On y échappe que difficilement.
Donner. Se défaire de quelque chose que l’on possède au profit de quelqu’un qui va le prendre, accepter le don. Donner est indissociable de prendre. Donner un collier, un bâton de réglisse c’est créer quelque chose entre celui qui donne et celui qui prend. Il faut que l’autre accepte pour que cela fonctionne. C’est le principe (même) du don. Maintenant, dès lors celui qui a accepter est l’obligé de l’autre. (il doit) Alors là seulement il existe un lien, une relation. Ce n’est en aucun cas un acte gratuit. Il y a un déséquilibre des rapports. Dès lors il est redevable, une hiérarchie s’établit.
Manger ce n’est pas seulement s’alimenter. Ce n’est pas juste assurer une fonction du corps (qui nous est) vitale. Un repas ne se limite pas à nourrir des gens. C’est nourrir oui mais pas n’importe comment. C’est donner à manger. Il y a une part de mise en scène et de mise en forme. L’esthétique de la chose et le lien social qui en découle ne sont pas à négliger. C’est pour cela qu’il faut que ce soit joli. Que cela donne envie. Manger est avant tout un acte social. On ne mange pas n’importe comment. Il ne s’agit pas d’ingérer des aliments. Nous ne sommes pas des animaux. Manger seul. Manger accompagné. Manger avec des amis, des copains, de la famille, des gens. C’est être ensemble, faire la même chose en même temps. Manger ensemble, et pour un instant avoir ce point en commun. Alors qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’une pratique culinaire fictionnelle ? Repas Star Trek Donner à manger. Leur donner à manger. Eux n’étant pas obligés de participer. Vont-ils le faire ? S’ils ne mangent pas la pièce ne fonctionne pas. C’est eux seul dans l’acceptation du manger qui transforment la nourriture en repas. Le manger en partage. Mais s‘ils mangent c’est gagné. Chaque repas est un enjeu. Est ce qu’il mangeront ? Est-ce qu’ils prendront ? Est-ce qu’ils accepteront ? Est-ce qu’ils aimeront ? Est-ce qu’ils m’aimeront ? No shack
Marquer. C’est laisser une trace sur quelqu’un ou sur quelque chose. Apporter une modification de l’état initial. Par l’action on altère, on effectue un changement sur ou dans quelque chose ou quelqu’un. Marquer c’est laisser sa trace, son empreinte, marquer son passage. Attester par cet acte que l’on est passé par là, Gommettes, morpion que l’on a exister. Cela peut s’exprimer par une morsure ou une griffe, un estampillage. Marquer c’est aussi perturber, exercer une inflexion, une légère mutation. Marquer et laisser devenir Star. A un moment donné parce que c’est passé par nous, modifier l’élément pour qu’il l’atteste. Ecrire. Tamponner. Vernir…Ce n’est pas un arrêt juste un passage qui dans un après va suivre son cours.